La carte du Sept d’Épées montre une scène nomade. Contrairement aux autres cartes qui montrent de nombreux châteaux, ce sont des tentes qui sont représentées ici. C’est un camp de soldats en mission expéditive à l’étranger.  Nous voyons ceux-ci qui forment un petit groupe en cercle dans le coin inférieur gauche. L’homme au premier plan porte un fez sur la tête. Le fez était le chapeau cylindrique rouge qui était donné aux soldats indigènes recrutés localement dans les troupes coloniales (il ne faut pas oublier que le Rider Waite fut dessiné vers 1900).

Individualisme

Le fez et les bottes sont rouges, couleurs de volonté, de colère, de passion, et de danger. Le personnage veut donc avec son esprit suivre ses propres opinions, et avec ses « pieds » agir comme il veut. 

Ses pieds vont dans un sens pour s’échapper, son regard dans l’autre vers l’arrière. De plus il porte 2 épées sur une épaule et 3 épées sur l’autre. Il y a donc un déséquilibre flagrant dans ce personnage, un conflit intérieur. Sa position manque totalement de stabilité. Il n’a aucune vision sur l’avenir. Il voit à court-terme et est satisfait de son petit coup.

Les tentes sont la communauté. Le petit cercle de soldats représente également cette notion de société commune. De ceux-ci on ne voit que des silhouettes noires sans visages. Ils sont fondus dans la société, anonymisés. Le fuyard au contraire est on ne peut plus singulier avec son accoutrement et sa tunique à pois. 

Le ciel est jaune, la terre est jaune. Comme vu sur le Cinq d’Épées, la couleur jaune est depuis le moyen-âge celle qu’on attribue à l’infamie, aux traitres, trompeurs et trompés (qui n’ont donc pas su utiliser l’Épée mentale pour distinguer la vérité). Judas, ou les maris cocus, sont ainsi traditionnellement porteurs de vêtements jaunes sur les peintures anciennes. Sûrement à cause du souffre, qui est rattaché au diable, et qui est jaune. L’atmosphère est donc propice à la trahison.

Ce voleur emmène 5 épées, en les portant à l’envers. Elles représentent les fausses paroles et les fausses promesses, dont il porte désormais le poids sur ses épaules. Il tient les épées par la lame (à la manière du Diable dans certains tarots de Marseille). Il s’expose donc à se blesser tout seul par son comportement, d’autant plus que sa stabilité est précaire.

Sur le fil

Les 2 épées plantées droites dans le sol montrent qu’aucune bataille n’est en cours. C’est un moment de trêve, où les soldats ne sont pas sur leur garde. La sournoiserie du comportement est ainsi encore une fois soulignée. Il marche sur la pointe des pieds pour dissimuler son action.

Autre point intéressant : toute l’attitude du personnage nous évoque un équilibriste (et l’atmosphère « cirque » de la carte). Or une ligne fine traverse la carte sous ses pieds, qui évoque une corde tendue, un fil. Cet individu «marche sur le fil». De plus il tient les épées par le fil. A la manière de balanciers. Il s’expose aux conséquences de ses actes malfaisants.

La signification du 7 d’Épées dans le tarot est un comportement de trahison où l’on fait passer ses intérêts propres avant ceux de la communauté, à ses propres risques et périls.